Motocyclettes farfelues
Et plein d'autres qui ne vont pas tarder à sortir...
Amateurs, préparez-vous : ce n'est pas le moment d'égarer votre carte de crédit.
Je n'ai jamais lu BHL. J'ai lu mon "Petit Nietzsche illustré", par contre. Et je peux affirmer que jamais ce grand homme aux belles moustaches ne s'est intéressé à la question des pâtes à la béchamel. Ou alors, j'ai sauté ce passage. Ou alors, ce n'est pas impossible, les pâtes n'étaient pas arrivées jusqu'à lui. Quand les pâtes industrielles sont-elles tombées dans le panier de la ménagère prussienne ? Le sait-on seulement ? J'imagine que, si l'on procédait à des recherches pointues, on découvrirait cette date. Je doute que cette arrivée ait pu faire les gros titres des gazettes d'alors mais, à n'en pas douter, elle aura au moins fait l'objet d'un entrefilet voire d'un écho.
Les pâtes à la béchamel ne sont pas un plat d'intellectuel ou de puissant. C'est un plat de pauvre. De pauvre relatif, de pauvre qui a tout de même les moyens de se les payer. Il faut tout de même des pâtes, du beurre, de la farine, du lait, du sel, de la noix de muscade et, pourquoi pas, un peu de fromage si l'on a le projet de faire gratiner la chose au four. Ce n'est pas à la portée du premier pauvre venu, il faut en convenir. Le philosophe refusera l'idée de ce plat de pauvre d'opérette parce que le philosophe se détourne des contingences matérielles pour prendre l'air préoccupé par des sujets bien plus profondes. Il posera son large front dans la paume de sa main droite ou gauche et réfléchira au désirs du genre humain et à sa condition fondamentale. Est-ce que le philosophe daigne se nourrir ? Oui ! Que mange-t-il ? Oncques ne sait trop. Il boit de la bière ou du vin, un peu à la façon du poète qui, lui, se pose des questions absurdes et, pire encore, apporte des réponses stupides. Il faut haïr le poète toute affaire cessante ! Le poète est la lie de la société quand le philosophe est un mal nécessaire et le pauvre un allié du pouvoir et des riches.
« Ne peut-on pas faire plus simple ?» me demandait la dame dont les yeux chafoins se cachaient derrière d'épais verres de lunettes assez sales. Il était question d'expliquer comment utiliser l'interface d'administration d'un site Internet. La dame m'avait dit son désir d'apprendre et, à l'heure d'apprendre, disait son envie de n'avoir rien à apprendre. Je vous demande un peu ! Il faut savoir ce que l'on veut ! On ne peut pas avoir l'idée de cuisiner des pâtes à la béchamel et désirer manger du caviar d'Iran en buvant de la vodka de Russie. Dans la vie, et le philosophe ne me démentira pas, il faut un minimum de constance. Mais peut-être suis-je un peu trop psycho-rigide.